Promenade aux serres du Parc de la Tête d’Or

S’il est un endroit qui me fait particulièrement rêver et que j’admire entre tous à Lyon, il s’agit des serres du Parc de la Tête d’Or. J’y vais chaque année, et même plusieurs fois par an, pour admirer les différentes floraisons des plantes que je connais et que je vois grandir depuis toute petite.

C’est par exemple le cas du bananier, du palmier du voyageur et du strelizia de la grande serre tropicale. Aujourd’hui, on pouvait admirer plusieurs régimes de bananes, encore vertes, qui pendaient du bananier. Mes enfants ne savaient pas comment poussent ces fruits, ce fut l’occasion de leur expliquer.

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La serre aux cactées était magnifique également, le sol en terre battue rouge donne vraiment le change, c’est un véritable voyage que l’on fait. Petits ou gros (voire même gigantesques !), on s’étonne que les épines puissent être si épaisses ou si petites et on prend garde à ne pas effleurer les plantes. Ici, mieux vaut rester au milieu de l’allée !

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A cette époque, la serre de la Reine Victoria (la serre aux nénufars) n’offre que peu d’intérêt. On lui préférera une visite en juillet, lorsque les nénufars seront en fleurs.

La serre aux plantes carnivores est impressionnante. On frémit en imaginant le sort des insectes. En mars / avril, les carnivores sont toutes en fleurs : dionées, népenthès, droseras… c’est une explosion de couleurs surprenante qui nous attend.

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La serre qu’il ne faut absolument pas rater est celle qui expose les broméliacées et les orchidées. Séparées en deux par un bassin splendide qui accueille de très beaux spécimens de cichlidés d’Amérique pas du tout farouches (ils viendront vous effleurer les doigts sans gêne si vous glissez une main dans l’eau), une fabuleuse explosion de feuilles luxuriantes et immenses offre un spectacle saisissant. On n’imagine pas que de simples feuilles puissent devenir si gigantesques. Mention spéciales aux alocasias, particulièrement impressionnants. Idéalement, il faut prendre son temps, et espérer se faire doucher lors de l’arrosage, une expérience rafraîchissante dans cette serre chauffée à 31° !

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J’avais toutefois la sensation que les serres avaient été un peu laissées à l’abandon ces derniers temps. Carreaux cassés, chemins peu entretenus, plantes chétives… C’est la première fois depuis un an que je reviens me promener ici, et je voudrais féliciter les paysagistes et jardiniers pour leur travail. Les plantes ont retrouvé leur splendeur et un véritable effort d’aménagement a été fait. On peut enjamber certains bassins par des jolis ponts de bois (insérer ici la chanson éponyme d’Yves Duteil) ou marcher à travers les plantes via des petits sentiers de terre. Des panneaux présentent des QR codes à flasher avec son téléphone si l’on veut en savoir plus que ce qui est dit sur place. La promenade, qui a de toute façon toujours été jolie, devient en plus ludique et véritablement captivante.

3 semaines

Le voyage approche très vite maintenant. Nous sommes le 22 mars, nous partons le 9 avril au matin. Plus besoin de calculateur pour compter les jours : 19 jours avant le Grand départ !

Le moment est venu de révéler notre itinéraire : Tokyo – Kyoto – Osaka – Kobe -Himeji – Hiroshima -Okayama – Nagoya – Takayama – Tokyo

Un bien joli voyage !

J’ai imprimé ce matin nos bons d’échange pour l’avion et nos bons d’hôtels . Ca se concrétise…

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Je suis à la fois très impatiente et très effrayée par ce voyage. J’ai lu que les Japonais ne parlaient pour la plupart d’entre eux pas anglais. Non pas qu’ils ne maîtrisent pas la langue, mais ils ont trop peur de faire des fautes. Ma maîtrise (toute relative) de la langue de Shakespeare ne me sera donc d’aucun secours (au contraire d’autres pays, comme l’Islande, où tout le monde parle anglais dès 3 ans). Le fait de ne pas pouvoir lire la langue, même en l’écorchant (je re-cite l’Islande, nous avons du demander notre chemin pour un hôtel situé à Kirkjubæjarklaustur et sommes arrivés à le prononcer, mal évidemment, mais quand même) m’inquiète un peu. J’ai fait l’expérience en Chine : dans un pays où l’alphabet courant est différent de l’alphabet latin c’est devenir illettré et c’est pour le moins troublant.

Une amie me faisait toutefois remarquer qu’on devait être plus dépaysé dans ces pays-là, l’effet Lost in translation s’y fait plus sentir.

A trois semaines du départ, je n’ai plus le choix. je vais mettre mes inquiétudes dans ma poche et mon mouchoir par dessus. Vive l’aventure !

Les voleurs de livres, réaction à l’article du Nouvel Obs

Le Nouvel Observateur de cette semaine (numéro 2680) vient de publier un article (page 100, ou en ligne ici http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20160317.OBS6652/special-salon-du-livre-voler-des-bouquins-est-ce-immoral.html) sur les voleurs de livres. Jacques Drillon et Jacques Graf signent cet article qui m’a laissée perplexe.

Je me suis tout d’abord interrogée sur la nécessité de publier une telle chose. Je sais bien que parler de vol de livres (ou d’autre chose) ne donnera pas envie aux gens qui ne le font pas de s’y mettre. Un article sur le drogue ne donne pas envie de se droguer. Et le sujet mérite certainement d’être abordé. Toutefois, l’article me semble très fouillis, au moins dans la première partie qui n’est qu’une suite de citations dans un grand mélange de noms. Par ailleurs, il me semble singulièrement incomplet, et est loin d’aborder le vol de livres dans son entièreté (ce n’était peut-être pas les intentions des auteurs).

Pour parler plus précisément de cet article, il m’a interpellée, ce dont je suis ravie, mais je me pose la question : mon univers culturel, et surtout littéraire, aurait-il été moins riche sans cette lecture ? J’en doute. J’ai appris que certaines personnes volaient des livres. Bon, je ne suis pas tombée de la dernière pluie, je sais bien que des gens volent des livres comme d’autres des rouges à lèvres ou des stylos.

Ce qui m’a gênée c’est tout d’abord d’afficher ça dans un magazine qui a pignon sur rue. Tout le monde connait le Nouvel Obs, y compris ceux qui ne le lisent pas. Pour être vraiment précise, ce n’est pas tant l’article qui me gêne, mais plutôt son ton, désespérément léger. On cite de grands écrivains et des grands noms de voleurs de livres. Ils avouent en toute simplicité que voler des livres est un défi, qu’on ne considère pas ça comme mal. Il y est même dit que voler des petites librairies est plus agréable car on a le sentiment que ça fait plus de dégâts. Cette dernière phrase est une citation d’un-e inconnu-e, mais les auteurs de l’article ont choisi de la publier. Phrase choc et dérangeante, mais peut-être dispensable. Ce ton désinvolte se poursuit jusqu’à la fin, une troisième page où l’on découvre que les peines encourues sont nulles. La police s’en fout, et bien souvent ne se déplace pas. Il arrive même que les vigiles ne l’appellent pas.

Alors oui, l’article dit aussi que les libraires se désolent (ils peuvent !) et que le vol est estimé à l’équivalent d’1% du chiffre d’affaires. Enfin, naturellement, des astuces sont données pour éviter que les livres munis d’un antivol magnétiques ne sonnent à la sortie, aux portiques. Normal. Je ne les répéterai pas ici. Je commence à mettre en doute le fait sus-cité, que cet article ne donnera pas envie de voler. A quoi bon préciser ces techniques ? Pour ajouter des lignes ? On me répondra sans doute, avec raison, qu’une simple recherche en ligne les rendaient accessibles à tous, encore fallait-il y penser. Enfin, préciser ces techniques donne-t-il un intérêt supplémentaire à l’article ? Non, aucun.

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D’un autre côté, cet article m’a mise face à mes propres contradictions. J’ai toujours considéré que l’objet livre n’avait aucune valeur. Son contenu a de la valeur, l’objet a un prix. Et ces deux éléments diffèrent (j’ai traité ce sujet assez longuement lors de mon éditorial de juillet 2015 sur Onirik.net : http://www.onirik.net/A-propos-de-la-valeur-des-livres). Je m’en fiche de corner les pages, de froisser la couverture, de casser le dos de mon livre. Je comprends que d’autres y fassent attention, le livre est un bel objet. Mais il reste un objet. C’est son contenu abstrait (le texte, dans ce qu’il représente et non dans sa nature même c’est-à-dire que ce ne sont pas l’encre et le papier qui jouent un rôle mais bien le signification qu’ils apportent) qui va me rendre heureuse, ou triste, ou qui va m’apporter un enrichissement. Donc, par extension, je prête, et même donne mes livres.

Evidemment, cette réflexion ne peut s’appliquer à tous mes livres (mon appartement, pourtant grand, déborde de livres de tous les côtés). Je serais bien hypocrite de dire que je n’accorde aucune valeur affective à mes objets livres. Parmi ceux-là entrent en ligne de compte mes livres dédicacés, et ceux signés (mes plus belles trouvailles sont un Asimov signé et une première édition signée du Hobbit, par Tolkien). Il y a un relent douceâtre de collectionnisme.

Mais j’ai déjà donné sans frémir mon tome 1 de Téméraire, de Naomi Novik (paru chez Pocket). J’ai adoré, j’ai l’intégrale, et ces ouvrages sont devenu une référence pour moi. Je suis documentaliste dans un collège/lycée, où je les ai également ajoutés au fonds et les conseille à mes élèves (qui adorent aussi). Je suppose que les contradictions font partie de tout un chacun. Mais ma bibliothèque reste un miroir de ma richesse intérieure. Des livres y entrent, d’autres en sortent, sans remord ni regret.

Je déplore également qu’une vraie réflexion n’ait pas été tentée, notamment sur le rôle des bibliothèques et sur le livre numérique.

Le rôle des bibliothèque va de soi, il me semble. On peut y lire autant de livres qu’on en rêve. la plupart des établissements se tiennent bien à jour en nouveautés et on y trouvera sans difficulté les derniers best-sellers. Le temps de la bibliothèque poussiéreuse mal éclairée qui ne propose que des vieilleries est révolu. On y trouve aujourd’hui des fauteuils confortables, un éclairage adapté et des livres sur tous les sujets, depuis les biographies de nos anciens présidents à la façon dont il faut manipuler des cristaux guérisseurs.

Le sujet du livre numérique est quant à lui plus complexe. En effet, le numérique se pirate. Oui c’est du vol également, nous sommes d’accord. Mais quand bien même il existe une nuance entre le pirate (numérique s’entend) et le voleur.

Gardons l’exemple des livres : si je pirate un livre, il appartient malgré tout toujours à l’éditeur et l’auteur. Il reste là où il était à l’origine, je n’ai pas soustrait l’objet à son propriétaire. Il s’agit d’un partage (désiré ou non). On pourrait citer Tomas Geha, qui, se voyant piraté par la Team Alexandriz, a proposé aux pirates d’ajouter un bouton paypal vers son compte pour qu’on puisse le payer si jamais on le souhaitait. Une pratique pas tout à fait honnête envers l’éditeur (Rivière Blanche ne possédait de toute façon pas les droits numériques de cet ouvrage) mais qui participe à la vie culturelle de ceux qui la créée. En effet, Thomas Geha a gagné 200 euros par ce biais. Une somme non négligeable quand on sait qu’un livre qui marche assez bien (entre 500 et 1000 exemplaires vendus) rapporte en moyenne moins de 700 euros à son auteur.

Quand on vole un livre dans une librairie, on enlève l’accessibilité de l’oeuvre à un autre client. Cette différence peut sembler subtile mais elle est selon moi essentielle. D’autant qu’il existe une pratique courante chez les pirates. Si les pirates débutants ont tendance à accumuler (ils téléchargent plus de livres / musiques / films qu’ils ne pourraient jamais lire / écouter / visionner), enivrés par cette soudaine liberté, l’expérience assagit. En pratiquant, les pirates commencent à choisir. Bien sûr, cette évolution a également lieu en fonction de l’âge du pirate. Et avec l’âge vient le pouvoir d’achat. L’article du Nouvel Obs souligne que les étudiants sont les plus gros voleurs, par manque de moyens. Or, les étudiants sont aussi les plus gros pirates pour cette même raison. Une chose qui vient avec l’âge, c’est le pouvoir d’achat. Et il faut savoir que les pirates ont un raisonnement différent du consommateur lambda. Le pirate est un testeur. Et si l’objet piraté lui a plu, il l’achète par la suite.

Je l’admets bien volontiers, il m’arrive de pirater un livre. Par exemple, The strain, de Guillermo Del Toro, une personne qui compte à mes yeux de par ses réalisations artistiques. Je doutais toutefois de ses qualités d’écrivain. J’ai donc piraté le tome 1 de sa trilogie (on parle bien ici de la trilogie littéraire et non de la série qui en a été adaptée. Ça m’a vraiment plu. J’ai acheté le livre par la suite. Je l’avais déjà lu, mais il était de mon devoir de soutenir l’artiste qui m’avais enrichie. Je n’ai pas piraté les deux tomes suivants, je les ai achetés également.

Mon mari est consultant informatique. Autant dire que les soirées entre amis sont souvent animées de conversations informatico-socio-politico-culturelles. J’ai donc posé la question. Quel est votre rapport au piratage ? Et bien, quel que soit le milieu touche (musique, livre, cinéma…), quand ça plait, les pirates achètent. Simplement, ils essayent avant. Et pourquoi pas ? On propose d’essayer une voiture, personne n’achèterait une voiture sans l’essayer avant ! En ce sens, on peut donc considérer que le piratage est une simple évolution de nos procédés de consommation.

Parler de la difficulté des petites librairies à survivre, sans nécessairement entrer dans la problématique Amazon, n’aurait pas été un luxe. Éventuellement, on aurait pu étudier les fonctionnements et soucis des petits éditeurs indépendants. Il n’y avait pas besoin d’aller bien loin dans les détails, juste de signaler qui étaient les vrais perdants lors de ces vols. ce n’était pas hors sujet et ç’aurait été plus instructif que de citer une énième personne célèbre qui vole dans les librairies.

L’article du Nouvel Obs est donc à mon sens à la fois incomplet, imprécis et surtout vaguement insultant. Son ton désinvolte désengage toute responsabilité des voleurs. Voler un livre, ça n’est pas grave, c’est facile et on ne risque rien. C’est ce qui y est dit. Il y a même une certaine gloire à le faire. Voilà ce qu’on en retient. Le sujet est toutefois intéressant et aurait pu être traité avec nettement plus de profondeur. Le ton pseudo-philosophique employé ici est inapproprié et condescendant. Espérons que les lecteurs du magazine auront faire la part des choses.

Loin de moi l’idée de vouloir écrire là une réponse à charge contre les auteurs, nos points de vue divergent et c’est exactement ce qui rend la lecture de magazines ou de livres intéressant, ça pousse à réfléchir. Il m’a semblé important, en tant qu’actrice, modeste je l’admets volontiers, du monde  littéraire contemporain.