J’ai visité une usine Amazon

J’ai récemment reçu un mail d’Amazon qui me proposait de venir visiter leur locaux. Un peu surprise, j’ai lu les conditions, et finalement, j’avais bien envie de dire oui.

On dit en effet beaucoup de mal des usines Amazon françaises, et ça m’intéressait de vérifier tous ces « on dit » par moi-même. Je réserve donc au plus près de chez nous (à deux heures de route quand même… et je me suis fait flasher sur le trajet ! 90 au lieu de 80 km/h, grrr), à Boves, près d’Amiens.

Nous avons profité de la matinée pour visiter Amiens, et surtout, passer à la maison de Jules Verne. Je vous recommande le détour, ce musée est exceptionnel, et il est émouvant de voir où l’écrivain a composé toutes ses histoires. Par ailleurs, Amiens est une très jolie ville, toute de vieilles pierres et de briques, ce fut une brève mais agréable balade.

Nous devions nous présenter à 13h45 à l’accueil. Nous étions une vingtaine de personnes. Et nous avions reçu des consignes assez précises :

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Evidemment, il y a eu des gens pour arriver en chaussures à talon ou ouvertes. Des baskets leur ont été prêtées. Même si je m’en doutais, j’ai regretté de ne pas pouvoir faire de photos. On nous a expliqué que c’est pour éviter que des employés se voient pris en photo et pour éviter l’espionnage industriel.

Dès l’accueil le ton est donné. Un immense slogan est affiché :

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photo prise sur https://indianexpress.com/article/technology/tech-news-technology/us-techs-self-feeding-digital-money-machine-on-show-this-week-4635325/

A vous aussi ça vous fait penser à autre chose, n’est-ce pas ? Bon, on va éviter le point Godwin d’entrée de jeu, mais quand même…

 

Nous traversons des vestiaires, et arrivons dans un immense hall qui fait office de salle de repos, de pause et de restaurant. Il y a des canapés, des poufs, des ordinateurs, une playstation, des distributeurs, des toilettes, et un petit restaurant au fond. On nous explique que le repas coûte environ 3 euros (entrée plat dessert), à quelques centimes près (on nous a dit le prix exact mais j’écris ce billet 3 jours après la visite, j’ai oublié). Si les employés préfèrent, il peuvent amener leurs repas et utiliser les micro-ondes mis à leur disposition. C’est très joli, très propre, et très aseptisé. Ça n’a pas vraiment de personnalité mais j’imagine que tous les entrepôts Amazon sont les mêmes dans le monde, d’où ce sentiment de lissage. Seuls 5 posters de Jules Verne sur un mur un peu caché nous indique où l’on est. On apprendra plus tard que les salles de l’usine portent les noms des choses remarquables de la région.

On nous accueille très bien, 3 personnes pour vingt visiteurs. On nous offre du café et des boissons, on nous équipe d’une veste bleue, d’un casque pour pouvoir bien entendre le guide, Rémy.

Et c’est parti pour la visite à proprement parler. Au premier abord, on est vite noyé sous les anglicismes. Ici c’est le pick, là le retail, et voici l’inboxing. Même s’il n’est pas nécessaire de parler anglais pour travailler chez Amazon, le vocabulaire d’entreprise est définitivement anglophone.

Nous traversons un immense entrepôt où sont stockés les produits. Détail qui a son importance, l’entrepôt de Boves est spécialisé dans les articles grand format. Nous ne verrons donc pas d’étagères pleines de livres.

Nous avons pu assister à deux déchargements de camions, de deux façons différentes. Chaque colis est mené à une personne grâce à des rouleaux. Cette personne doit le mesurer (une machine le fait pour elle) et l’envoyer au bon endroit pour être rangé. L’empoyé-e dispose d’un siège et le rythme est plutôt tranquille, les colis ne se bousculent pas sur le tapis.

Nous avons poursuivis vers le rangement des articles. C’est là que c’est très étonnant, on s’attend logiquement à voir des rangées et des rangées de produits identiques. Et bien non ! Amazon pratique le rangement aléatoire. Chaque objet est rangé dans un casier au hasard, là où il y a de la place. Il est repéré grâce à un code barres, et des employés vérifient l’inventaire tous les jours, il y a des postes à part entière qui sont dédiés à ça. Cela évite les embouteillages en cas de forte demande d’un même produit.

Nous allons après ça découvrir l’emballage pour envoyer au client. C’est la partie qui m’a le plus plue. C’est hypnotisant. L’employée que nous avons observée était vraiment très rapide. Peut-être qu’elle en faisant un peu trop parce que nous étions là ? Tout d’abord, elle scanne le produit. Son écran lui indique quelle taille de carton choisir. Elle replis les pans du carton, met l’objet dedans, tend les mains vers le distributeur de papier pour caler l’objet, et le papier descend tout seul. Après quoi elle passe le carton dans un sas qui le scotche, applique l’étiquette ou l’adresse du client s’est imprimée, et met le carton dans un chariot. J’ai compté, elle réalise environ 4 à 5 colis par minute. Quel rythme ! Son plan de travail est parfaitement pensé et organisé pour réaliser le moins de mouvements possibles.

Nous avons fini la visite par les tableaux où employés, managers et patrons communiquent. Un employé réclamait par exemple que des instruments de musique soient mis à disposition dans la salle de repos. Les formations, mutations et autres informations sont indiquées également, le tout sur tableau blanc et des feutres sont mis à disposition pour toute remarque.

Nous avons pu nous asseoir, faire une photo souvenir, boire un coup et avons reçu un petit cadeau (une gourde estampillée Amazon). Nous avons pu parler avec des employés et avec nos guides.

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Points positifs :
– je m’attendais à une usine vraiment très robotisée, avec finalement assez peu d’employé-e-s. Mais au contraire, même si les employé-e-s sont fortement aidés par les robots, il y a une vraie force de travail humaine. Dans cette usine, on compte 400 employé-e-s en CDI et ce chiffre va prochainement monter à 500. Quoi qu’on en dise, dans un pays où il est difficile de signer un CDI, c’est appréciable.
– le confort des employé-e-s compte pour l’employeur. En effet, tout est mis en oeuvre pour éviter les accidents et la lassitude. Chaque prise de poste se fait en musique pour que chacun puisse s’échauffer. L’entreprise installe des tapis amortisseurs de chocs sur les postes où il faut rester debout sur place. Des chaussures légères, des gants et outils conçus spécifiquement pour le travail pénible sont fournis aux employés. L’entreprise améliore constamment son équipement (il leur a été dit que les chariots étaient très lourds, ils en ont installés de nouveaux avec 30% de friction en moins, par exemple). Les tâches sont certes répétitives, mais environ toutes les deux heures, chaque employé en change (on passe de l’emballage au rangement, ou au déchargement, ou à l’inventaire… on ne reste pas 4 heures à emballer des produits).
– l’esprit d’entreprise est très fort. On n’a pas trop ça en France, c’est surprenant de voir à quel point tout est fait pour faire des employé-e-s une famille. Il y a plusieurs concours organisés (échelle locale, nationale ou mondiale) qui permettent de gagner des swaggies, avec lesquels on peut s’offrir des produits (on les a vus et il y a des choses vraiment pas mal). Les employés se charrient entre eux (il y a un mini code de la route à respecter sur place, et si on se trompe, on doit offrir des bonbons à ses collègues). Beaucoup de formations sont proposées (l’anglais a beaucoup de succès). Les postes sont évolutifs. Vous pouvez parfaitement n’avoir aucune qualification mais toucher à tout pour choisir ce que vous préférez. Un employé nous a dit qu’il est ravi de son travail parce qu’il a connu 4 postes en 2 ans, et pour quelqu’un comme lui qui aime bouger, c’est parfait. Il y a des employé-e-s de tout âge. On a vu des jeunes mais aussi des gens plus âgés. Il y a également une mixité agréable. Les avantages de l’entreprise sont tout de même considérables : -10% sur les produits, repas a 3 euros, 13e mois, mutuelle. Pour un travail d’usine, c’est pas mal. Alors oui, le boulot reste du travail d’usine, mais à mon avis, il y a beaucoup d’usines qui sont bien pires.  En tout cas, les gens qu’on a vus étaient souriants.
– on arrive à la grande question : et combien ils payent ? Curieusement, on nous l’a dit : smic + 20% quand on est en CDI dont pour un travail non qualifié, je trouve ça respectable.

Après, mise en scène parce qu’on était là ? On ne le saura jamais.

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Points plus négatifs :
– la visite a duré deux heures, et deux heures pour une personne handicapée (comme moi…) c’est très long. A la fin j’avais affreusement mal au dos, j’étais épuisée. Une petite pause serait nécessaire.
– le système de casque. Encore une fois, c’est sans doute le plus simple pour la majorité des visiteurs, mais… et les personnes malentendantes ou sourdes ? A aucun moment il ne nous a été demandé si l’un de nous avait un handicap. C’est bien validiste tout ça. J’ai perdu en qualité de visite car je n’ai pas pu tout entendre.

Bref, même si Amazon reste une entreprise qui ne paye pas ses impôts en France et écrase les prix au grand désespoir notamment des éditeurs, y travailler ne m’a pas semblé l’horreur qu’on voudrait bien nous faire croire. Oui, le rythme est soutenu, et j’aurais bien voulu qu’on nous parle d’intégration de travailleurs handicapés, car clairement, ça n’a pas l’air d’être un endroit où c’est possible.

En tout cas, on a appris plein de choses, vu plein de machines étonnantes et c’est clairement une visite qui vaut le coup d’être faite.

Si vous voulez vous inscrire et aller visiter les locaux à votre tour, c’est par ici !

Une fameuse idée pour promouvoir le don d’organes

Le Pérou est un des pays au monde où les gens donnent le moins leurs organes (moins de 2 péruviens sont donneurs sur 1 million d’habitants. En comparaison, 46 espagnols sont donneurs par million d’habitant, et 32 étatsuniens par million).

Pour relever ce taux, le ministère de la santé du Pérou a eu une fameuse idée. En collaboration avec l’agence Circus grey, la télévision péruvienne a organisé une histoire croisée entre deux télénovelas. C’est le genre le plus regardé dans le pays (en gros, il s’agit de « soap operas » à multiples et souvent improbables rebondissements).

C’est ainsi qu’un personnage a été tué dans Ojito Hechiceros 2, l’émission la plus regardée par les péruviens. Après sa mort, on voit le médecin préciser à la famille de la victime qu’il était donneur d’organes. Et quelques jours plus tard, ce même docteur apparaît dans Senores Papis, une autre télénovela, et informe un des personnages de la série qu’il va recevoir un rein.

L’agence Corcus Grey a annoncé que les épisodes avaient été vus par plusieurs millions de personnes, et que depuis de nombreuses personnes s’étaient inscrites comme donneurs et donneuses sur les registres consacrés.

C’est la première fois au monde que deux personnages de séries différentes sont ainsi liés.

Pour voir quelques extraits, vous pouvez visionner la vidéo ci dessous, à partir de 3’30.

Transidentité et littérature : Ciel !

J’ai enfin trouvé deux heures pour lire un livre qui était sur ma pile et dont j’attendais beaucoup. Il s’aciel,-tome-1---comment-survivre-aux-deux-prochaines-minutes-1028671-264-432.jpggit de Ciel, comment survivre aux deux prochaines minutes, de Sophie Labelle.  Le sujet du livre est la transidentité, c’est à dire qu’il parle des personnes transgenres.

Quand on dit « transgenre », on imagine de suite la grosse opération chirurgicale, les implants mammaires, le pénis fendu et retourné pour constituer un vagin… Mais il faut savoir que beaucoup de personnes trans n’ont pas spécialement envie de se faire opérer, et que leurs organes génitaux ne les empêchent pas de définir leur genre. J’ai un ami assigné fille (c’est à dire qu’à la naissance les médecins ont décidé que c’était une fille en voyant ses organes génitaux féminins) qui s’est fait ôter les seins mais conserve ses organes génitaux de naissance. Ça n’en fait pas moins un homme.

Tout ça pour introduire le contexte du livre. Il se déroule dans un lycée, mais au Quebec (c’est donc appelé le centre polyvalent). Et au lycée, bien sûr, les jeunes trans ne se sont pas (encore) faits opérer La plupart d’entre iels prennent des hormones ou des inhibiteurs d’hormones (par exemple, pour éviter que la barbe ne pousse). On apprend tout ça au fil de notre lecture.

Cet ouvrage est un excellent premier pas dans l’apprentissage de la culture trans. En effet, il est écrit à la première personne, par un-e jeune élève trans. Et comme iel le fait remarquer à un moment, il est rare d’entendre l’avis des personnes trans, on préfère demander aux parents ou à l’entourage, voire à des psys, comme s’iels savaient mieux que les concerné-e-s. Alors ici, on profite d’avoir l’avis de Ciel, prénom neutre que notre narrateurice s’est choisi iel-même pour apprendre plein de choses.

Je me considère comme alliée, du moins, j’essaye de l’être, envers les personnes LGBT. Je me tiens informée, je suis féministe intersectionnelle, je fais très attention à ne pas mégenrer les personnes au premier abord (c’est tellement facile de simplement demander). Pourtant, et c’est tant mieux, j’ai encore appris des choses avec ce roman. car oui, c’est de la fiction, mais l’autrice est Sophie Labelle, elle-même jeune femme trans, bédéiste de talent, qui milite pour le droit des trans et l’éducation des cis (les personnes qui correspondent à leur genre de naissance et hétérosexuelles) via facebook et sa page Assignée garçon. On peut donc avoir toute confiance dans les informations lues ici. Attention, je rappelle que ce roman se déroule au Québec, il peut donc y avoir quelques différences avec le traitement des trans en France.

Qu’ai-je appris ? Par exemple, Ciel ne se définit pas comme un garçon, mais pas tout à fait comme une fille non plus. En effet, le genre est un spectre, et on oscille plus ou moins d’un côté, comme on peut aussi être parfaitement neutre. Je le savais, mais je n’avais jamais vu cette théorie en pratique et j’avais quand même en tête le stéréotype de la personne qui affiche tous les clichés pour bien montrer un genre identifiable (talons hauts pour une femme, grosse barbe pour une homme, par exemple). Comme quoi, même en étant renseigné-e, on n’est pas à l’abris des stéréotypes.

Assez parlé de la partie informative et militante. Ce livre n’est pas un essai ! Il s’agit d’une histoire plutôt destinée à la jeunesse, aux ados. Dynamique et accessible, l’écriture nous emporte facilement dans les aventures de Ciel, qui s’inquiète de se faire des ami-e-s, qui travaille pour s’offrir la caméra de ses rêves afin de faire passer sa chaîne Youtube à un niveau supérieur… En fait, et c’est là que c’est parfait, ses inquiétudes sont celles de tout-e jeune de son âge. Alors bien sûr, par dessus celles-ci se greffent les soucis liés à son genre. Peut-iel aller aux toilettes des filles ? Personne ne va rien lui dire ? Peut-iel s’habiller comme bon lui semble ? Est-ce que ça ne va pas lui aliéner ses nouveaux amis ?  Mais finalement, quel ado n’a pas d’interrogation sur son identité ?

On rit, on frémit (Ciel n’est pas à l’abri de l’agressivité de quelques ignorants), on réfléchit. Que demander de plus à un roman ?

On apprécie qu’il n’ait pas été traduit. Il est en effet écrit en français québécois, et bien souvent, la littérature québécoise est lissée pour correspondre au français continental, académique. Ici, Ici, le texte conserve tout son charme. Quelques expressions posent des colles. J’ai du chercher ce que voulait dire « achaler ses amis ».

Que vous soyez informé-e ou non de la culture transidentitaire, je vous conseille ce roman. On passe un excellent moment avec des héros et héroïnes qu’on espère retrouver dans le futur. Je voudrais bien les voir grandir.

 

La transformation et le mouvement new weird

Ces temps-ci, j’écris peu, mais je cogite beaucoup. Et mes écrits ont tous un point commun : ils traitent de la transformation.

51QPaFxeKPL._SX195_J’ai été très marquée par deux romans lus l’an dernier :
Annihilation, de Jeff Vandermeer (édition Le diable Vauvert)
Mariage contre nature, de Yukiko Motoya (édition Philippe Picquier)
Ces deux romans appartiennent au mouvement New weird

Ils ont éveillé en mois un écho profond et durable et aujourd’hui, mes écrits sont donc très inspirés des styles de ces romans  Dans le fond, ceux-ci n’ont rien en commun. Les deux sont plus fantastiques et science-fiction, même si pour Annihilation le débat reste ouvert.

Ce qui m’a plu dans le style de ces deux romans, c’est cette faculté des auteurs à en dire juste assez pour intriguer et raconter l’histoire, mais pas suffisamment pour qu’on sache si l’ensemble est métaphorique ou littéral, pragmatique. Bien sûr, dans un roman fantastique, des choses improbables et effrayantes peuvent arriver, c’est le
principe même.

annihilation-alex-garland-988814.jpgToutefois, la narration est suffisamment détachée pour que le doute soit permis. La narration devient simplement énonciative et le lecteur compense par une imagination débordante qui devient très vite angoissante. J’ai lu Mariage contre nature d’une traite,  (le roman est assez court, il fat 150 pages environ) mais j’ai mis 3 mois à finir Annihilation tant sa lecture m’oppressait. Toutefois, la fascination qu’il exerçait sur moi m’y faisait revenir, alors que j’aurais pu abandonner. En ce sens, la forme est parfaitement seyant au fond, puisque dans le roman, l’héroïne est fascinée par une tour sous-terraine et ne peut s’empêcher d’aller l’explorer malgré les dangers que cela comporte.

Dans Mariage contre nature, une femme se pose des questions sur son mari. Elle l’observe à la dérobée et voit parfois les organes de son visage changer de place. Elle s’interroge : est-il bien la personne que j’ai épousé ? Petit à petit, ces changements s’intensifient et il lui faut alors prendre une décision drastique. Je ne vous révélerai pas laquelle, mais les dernières lignes du roman sont stupéfiantes. Ce livre est un bijou de la littérature japonaise contemporaine.

Si un jour j’ai assez de succès pour qu’on me demande quels auteurs ont influencé mon écriture, je citerai sans nul doute Jeff Vandermeer et Yukiko Motoya.  Leurs textes m’ont inspirée une nouvelle, Il y a une grenouille dans le cuvette des chiottes, et un roman, Ceux qui disparaissent. La nouvelle est finie, prête à être envoyée à mon éditeur. Le roman est encore en cours d’écriture. J’ai fait très attention à utiliser une forme qui se marie parfaitement dans le fond, et je suis assez satisfaite du résultat. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce que j’ai pris comme un exercice de style.

J’ai particulièrement apprécié de travailler sur la transformation. Dans es deux textes, l’humain devient autre chose. Se pose alors la question de ce qui reste. L’esprit est dissocié du corps, Je ne pense pour autant que je traite du transhumanisme.  Plus qu’une transformation physique, il s’agit d’un changement d’esprit. Mes héros sont parfaitement conscients de ce changement, ils le conçoivent comme inéluctable, et l’acceptent. Ils n’ont pas peur, ils sont résignés. Toute l’attention du lecteur peut alors se porter sur la transformation elle-même. Qu’est-ce qui se passe dans le corps ? Qu’est-ce qui se passe dans la tête ?

Je rapproche cette réflexion du mouvement new weird. On trouve assez peu de choses sur cette mouvance, qui nous vient des Etats-Unis. Jeff Vandermeer est l »un des premiers théoriciens et  l’a défini ainsi : « un genre de fiction urbaine, un monde secondaire qui renverse l’ idéalisation des lieux que l’on trouve dans la fantasy traditionnelle, déjà en choisissant la réalité, des modèles réalistes complexes comme point de départ pouvant combiner des éléments tant de science-fiction que de fantasy« . Pour moi, il s’agit d’écrire du fantastique de la même façon qu’on écrirait de la littérature blanche, c’est-à-dire en reprenant les codes propres à la SFFF sur des sujets réalistes, dans un monde réel et actuel. Ceci dit, parler des codes de la SFFF, c’est très vaste. Chaque sous-genre à ses clés.

J’ai pour ma part choisi de verser dans l’horrifique, car le contraste littérature blanche / horrifique est saisissant et particulièrement malaisant.

J’espère que ce bref explicatif de mes influences vous aura donné envie de lire du new weird. Annihilation a été un succès, mais le mouvement est assez peu traduit et distribué en France. On tombe parfois sur du new weird chez les éditeurs classiques, c’est ce qui m’est arrivé avec Mariage contre nature.

Si vous connaissez d’autres romans qui entrent dans ce mouvement, n’hésitez pas à me les signaler en commentaires.

Prix Rosny aîné, le premier tour est lancé !

Comme chaque année, le prix Rosny aîné fait appel aux lecteurs pour déterminer quelles œuvres de SFFF seront nominées.

Chaque nouvelle ou roman paru en 2017 peut faire partie de la compétition. Il suffit de voter pour 5 nouvelles et 5 romans et d’envoyer vos listes à joseph.altairac@wanadoo.fr

C’est très simple non ?

Je vous rappelle, en toute innocence, que ma nouvelle « La chat du mécanicien » est parue en 2017 et est donc éligible !

Je compte sur vous !

Informations plus complètes ici : https://www.noosfere.org/rosny/

L’anthologie des Utopiales 2017

Je viens de recevoir  (édit : entre le moment où j’ai commencé à écrire cet article et celui où je l’ai fini, il s’est écoulé quelques mois) l’anthologie des Utopiales 2017. J’avais vraiment hâte de l’avoir entre les mains ! Bon, j’aurais préféré aller aux Utop’, je m’étais jurée d’y aller cette année, mais la dialyse s’est invitée entre temps (surprise !) et du coup, il m’est difficile de voyager.

Bref, comme l’an dernier, j’ai donc pré-commandé mon livre. Et comme l’an dernier, il m’est revenu tout dédicacé 🙂 Merci aux amis autrices et auteurs pour leurs petits mots si gentils.

Avoir une dédicace c’est une façon d’avoir un contact avec l’auteur-rice, aussi ténu soit-il puisque je n’ai pas eu l’occasion de les rencontrer « pour de vrai ». Malgré tout, le texte est signé de la main des créateur-rices. Ça fait chaud au cœur.

Alors pour une anthologie, où 12 nouvelles sur 6 sont signées, ça fait 6 fois plus chaud au coeur ! J’étais très émue de découvrir les dédicaces. Les autres, vous auriez pu faire un effort ! Je plaisante bien sûr, je sais que cavaler après chaque personne pour avoir sa signature soit être un boulot monstre. Merci donc pour ces 6 là !

J’adore les anthologies car les oeuvres présentées sont des nouvelles (captain obvious à votre service !) et j’adore les nouvelles.

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Je trouve que c’est un format qui se prête particulièrement bien aux genres de l’imaginaire.  Et la nouvelle permet d’entrer par une petite porte, voire une lucarne, dans le monde d’un-e écrivain-e. Par exemple, j’étais impatiente de lire Estelle Faye. J’hésite à m’offrir son livre Porcelaine, publié aux Moutons électriques. La couverture m’a séduite, mais le résumé beaucoup moins. Si j’aime son style, je me laisserais probablement tenter.

 

 

Je voulais parler des nouvelles qui m’ont marquées.

Tout d’abord, celle de Jean-Laurent del Socorro, 43 200 secondes. Elle aborde le thème de l’avortement, et celui, plus large, du droit des femmes à disposer de leur corps. Dans un futur proche, une femme, noire et lesbienne, est sénatrice du Texas. Elle décide de lutter contre un projet de loi visant à réduit le droit à l’avortement, proposé par des hommes transhumains. J’ai beaucoup aimé la petite phrase qui précise qu’ils sont froids et hautains. Pas comme des robots, non, comme des inhumains. Cette nouvelle est douloureusement contemporaine. Par ailleurs, le fait qu’Amara reprenne la technique utilisée par un sénateur raciste pour au contraire défendre un droit élémentaire est jouissif.

20171113_192723.jpgLe texte est rythmé des tweets des détracteurs, mais surtout des soutiens à la sénatrice, et l’emphase est telle qu’on se sent l’envie de tweeter à notre tour, avant de se souvenir que ce n’est qu’une fiction (qui pourrait bien devenir réalité… brrr).

Le sujet abordé est profondément féministe. Mais surtout, le féminisme est aussi abordé via d’autres sujets que l’avortement. Une autre sénatrice demande la parole, qui lui est refusée par indifférence. Elle doit crier pour se faire entendre. Quel bonheur d’entendre la voix des femmes !

Le texte présente également le décompte du temps : Amara n’a que quelques heures pour faire annuler, ou au moins repousser le vote d’une loi qui vise à limiter l’accès à l’avortement. Ces minutes qui défilent nous donnent des palpitations d’angoisse. La fin nous laissera sur notre faim, mais aussi sur une réelle satisfaction d’avoir lu un auteur homme parler si bien des problèmes des femmes.

Nous parlions il y a quelques lignes d’Estelle Faye, que j’avais hâte de lire. Sa nouvelle Les anges tièdes, ne m’a pas convaincue. En effet, on a le sentiment qu’il s’agit d’un extrait de roman. On n’y retrouve pas la narration de la nouvelle comme texte entier et fini. Ici, début et fin restent ouverts. Le texte est très bon, dynamique, plein de suspens, mais disons que ce n’est pas ce que j’attends d’une nouvelle. Par contre, j’ai aimé le thème, et le style. Du coup, je me laisserai sans doute tenter par son roman.

Deux autres nouvelles m’ont marquée : celle de Timothée Rey, Les arbres sont des gens comme les autres, et celle de Nabil Ouali, Le sphincter de l’œsophage.

Dans la première, on découvre une technologie où les humains peuvent transférer leur conscience dans des arbres, afin de vivre très longtemps. mais la vie dans un arbre n’est pas la même que dans un corps humain, il y a une période d’adaptation, et surtout, il y a le retour dans le corps. C’est la nouvelle que j’ai trouvée la plus originale.

Dans la seconde, on aborde un transhumanisme très spécial, puisque qu’ici, on tire au sort, qui de l’homme ou de la femme, tombera enceint-e. L’égalité qui repousse les limites biologiques ! Le texte est présenté sous forme de débat, lors d’un dîner. J’ai particulièrement aimé la fin, avec un retournement tout à fait inattendu.  En le découvrant, on se rend compte que c’était finalement assez facilement prévisible, l’auteur a tendu des perches régulièrement, mais bon, je suis passée à côté de tous les indices, ce qui m’a offert une superbe nouvelle à chute.

Je ne saurais trop vous conseiller de foncer lire à votre tour ce livre, qui offre une très belle perspective de la scène SFFF actuelle.

Et bien sûr, en tant qu’autrice, j’espère un jour être invitée à participer à cette antho hors du commun.

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Au musée d’Orsay avec les enfants

J’ai réalisé il a quelques temps que je n’avais jamais emmené mes enfants dans un musée à proprement parler. Bien sûr, nous avions déjà vu diverses expositions et salons littéraires, et ils sont allés dans des musées avec l’école. Mais jamais nous n’en n’avions fait une expérience familiale.

Francilienne depuis peu, et depuis encore plus peu (oui, on se comprend !) titulaire de ma carte d’invalidité, il me titillait de courir les musées parisiens. Mais pour y emmener les enfants, il fallait un musée qui soit accessible. Et c’est la publicité du musée d’Orsay dans le métro qui m’a donnée envie de me lancer.

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Commencer par les impressionnistes, c’est une bonne façon de les initier à l’Art. En effet, les tableaux sont figuratifs, immédiatement appréhendables ;  pas besoin de connaître toute l’histoire de la peinture pour voir ce qui est représenté.

Décision était prise, et le mercredi suivant, RER C (glauque, beurk !) jusqu’au musée.

A peine arrivés, les deux loustics ont été séduits par la place devant le musée et ses magnifiques sculptures.

Une fois dans le bâtiment, il leur a fallu quelques minutes pour en appréhender la grandeur et la majesté. Nous sommes allés voir la maquette, et je leur ai expliqué l’histoire du lieu, qui est une ancienne gare.

J’avais bien pensé ma visite : je voulais commencer par le rez-de-chaussée pour montrer tout d’abord l’art sacré : la représentation du divin et de la mythologie, pour expliquer que les impressionnistes ont décidé que rien n’est trop banal à peindre et qu’ils ont ainsi changé la face de l’Art.

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Ezio et Lilou on été assez impressionnés par cette peinture, et la violence des sujets représentés. Ezio surtout a un été un brin choqué par tout ce nu. Je lui ai expliqué que c’était pour représenter la beauté du corps humain, et lui qui aime tant l’anatomie a eu l’air convaincu.

Ils sont restés un long moment devant L’égalité devant la mort, de William Bouguereau.

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Ils ont très bien compris la métaphore du voile blanc, les ailes noires de l’ange, et Lilou m’a dit que ça la rendait triste, mais une tristesse tendre car c’était beau. J’étais très contente : pari gagné !

Nous avons continué par les toiles de Vuillier et Bonnard, un peu plus gaies, qui leur ont bien plues également (Bonnard adorait les chats, donc c’était difficile de nous déplaire !)

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Nous sommes ensuite montés à l’étage des impressionnistes, au cinquième.  Nous avons bien pris le temps de tout regarder, de commenter. Lilou a craqué pour Monet. Elle a aimé sa façon de travailler la lumière, par touches et reflets. Mais c’est Van Gogh qui a remporté son coeur avec sa Nuit étoilée.

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Ezio m’a dit qu’il a préféré les peintures du rez de chaussée et la maquette de Paris sous les pavés de verre, sur laquelle on peut marcher. A 6 ans, on comprend !

La grosse horloge et la belle vue les ont séduits également.

Quant à moi, qui n’ai pas une culture picturale extraordinaire, je me suis retrouvée un peu frustrée de ma visite, car au bout d’une heure et demie, les petits en avaient marre. Nous n’avons donc pas vu l’exposition Degas, ni le japonisme. Je savais que la visite serait relativement courte, mais déjà une heure et demie, je trouve qu’ils ont bien tenus et ont été attentifs.  J’ai pris quelques minutes pour laisser l’émotion me gagner devant Caillebotte, qui fait partie de mes artistes préférés.

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Cette réussite m’a enchantée et je compte bien renouveler l’expérience avec un musée peut-être un peu plus compliqué, pour voir par exemple de l’art contemporain.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à emmener vos enfants à Orsay, qui est vraiment child-friendly.

L’égalité des sexes passera par la langue

Récemment, une polémique a eu lieu sur Twitter. Vous n’êtes sans doute pas passé-e à côté :Capture du 2017-08-16 12-32-41.png

Mon entourage est plutôt sensibilisé au féminisme, donc, par bonheur, je n’ai pas eu à essuyer trop de remarques insultantes ou méprisantes, à part un. C’est d’ailleurs ce post qui m’a fait réaliser qu’un article explicatif ne serait pas du luxe.

Alors tout d’abord : qu’on soit pour, contre ou sans opinion sur le mot « femmage », rien ne justifie la réponse mise en valeur par les Répliques. « On va finir par leur donner un pays », c’est du même niveau que de dire « les musulmans doivent retourner chez eux ». Le féminisme n’est pas une nationalité et balancer ça avec tout ce mépris, c’est injurieux.

Ensuite, mettons de côté notre opinion, fracturons-nous le crâne pour apporter un peu d’oxygène au cerveau et étudions les mots « hommage » et « femmage ». Femmage a-t-il lieu d’exister ?

Commençons par la définition actuelle d’hommage, selon le Larousse. Hommage. Don qui exprime le respect, l’admiration, la reconnaissance de quelqu’un ; marque de respect : Agréez cet hommage de ma sincère admiration. Acte par lequel le vassal se reconnaissait l’homme de son seigneur. (L’hommage était suivi du serment de foi.) 

On constate que ce mot est profondément historique puisqu’on y parle de vassal de seigneur. Un petit coup d’œil à l’étymologie alors ? C’est trop long pour être copié ici, mais vous pouvez aller voir sur le Littré, une référence sûre en la matière. On notera surtout :

Terme de féodalité. Promesse de fidélité et de devoirs faite au seigneur par le vassal ou homme.
Quand on parle de féodalité, vassal et seigneur, on parle bien d’obéissance et de servitude.  Par ailleurs, on note l’absence de majuscule à homme, ce qui signifie qu’on ne parle pas de l’espèce humaine en général, le Littré n’aurait pas fait cette erreur.

Le terme hommage a donc une racine profondément masculine. Une femme devait obéissance à un homme comme une vassal à son seigneur.

Dans le post qui se plaignait de l’extrémisme féministe dont je parlais au début, on m’objecte qu’on ne peut pas prendre la définition de tous les mots pour en rappeler les racines. C’est vrai. Ce serait un peu vain. La langue évolue et les définitions qui avaient cours hier ont changé aujourd’hui.

La langue évolue. Et oui. Donc pourquoi ne pas créer un nouveau mot ? Après tout, on utilise plein de mots qui ne sont pas encore reconnus de façon académique, non entrés dans le dictionnaire. Geeker, chatter, ennuyant, fuiter, spoiler… On ne les enseigne pas à l’école, pourtant ils sont couramment utilisés par tous. Un de plus ou un de moins… Personne ne vous oblige à l’utiliser s’il ne vous plait pas.

Il me semble que le mot femmage s’inscrit dans un effort de féminisation de la langue. On se bat pour « autrice », nous autres femmes qui écrivons. On peut aussi préférer écrivaine (on m’a objecté que le mot est vraiment laid, avec ce « vaine » à la fin, comme si dans écrivain on n’entendait pas « vain »…) ou auteure (qu’on ne peut différencier  d’auteur à l’oral). Personnellement, j’utilise facilement le pronom personnel « iel » quand je ne connais pas le genre d’une personne, ou bien que celui-ci est une information complètement inutile. Pour un bébé par exemple. Qui n’a jamais louvoyé de peur de se faire reprendre « ce n’est pas un garçon ! » ou « mais c’est une fille ! ». Dire « iel est éveillé-e » nous sort de bien des ennuis. C’est ce qu’on appelle l’écriture inclusive. Il s’agit d’un vrai neutre, pas d’un masculin qui l’emporte par défaut.

A ceci, on m’a objecté qu’à part moi et un autre contact, personne ne l’utilise. Oui, c’est peu usité car très méconnu. Sorti des sphères du féminisme, on le voit guère. Il y a 20 ans, personne n’utilisait le mot docteure. Il est passé dans le langage courant aujourd’hui et son utilisation est même recommandée par le gouvernement, même si toujours considéré comme un barbarisme par l’académie française. Il faut bien commencer par quelque part. Heureusement que la langue ne se limite pas aux 6 ou 7 mots ajoutés annuellement dans les dictionnaires ! Nous ne vivons pas le roman 1984 où les élites décident quels mots peuvent être utilisés ou pas. Donc, aujourd’hui, 2 contacts, demain 3, la semaine prochaine 5… Les changements sont lents. Mais ils sont là.

J’ai des personnes LGBT dans mes contacts, et celleux sont bien content-e-s de pouvoir utiliser un genre neutre, non opprimant. Une personne trans préfère qu’on utilise un pronom personnel neutre plutôt qu’on la mégenre. L’évolution de la langue permet donc de ne plus invisibiliser les minorités. Il y a un véritable effort à faire pour mettre en place un réel genre neutre en français. Comme on l’a vu, seule l’utilisation amène la validation, alors allons-y Alonso !

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On s’est un peu éloigné du sujet principal. Si vous voulez en apprendre plus sur le genre neutre en français, je vous conseille l’article d’Unique en son genre, qui permet d’entrer facilement dans le sujet. Il faut savoir que le neutre français en est à ses tous débuts et est encore en mouvement.

Revenons au mot femmage. Nous avons vu que son pendant masculin vient d’une culture patriarcale à l’heure où l’on ne la discutait pas. Donc, finalement, aujourd’hui qu’on la discute et même qu’on la combat, pourquoi ne pas instaurer un mot féminin ? Comme on l’a dit plus haut, personne ne vous oblige à l’utiliser s’il ne vous plait pas. Donc au pire, cela vous laissera indifférent (m’est avis que si le sujet vous laisse indifférent-e, vous n’aurez pas lu jusqu’ici). Toujours dans le post qui m’a donné envie d’écrire cet article, on me répond que c’est du féminisme extrémiste.

Ce qu’on appelle le féminisme extrémisme, ou radical, c’est quand on inverse les oppressions. Les hommes deviennent opprimés pour payer les siècles d’oppression vécus par les femmes. Est-on dans ce cas de figure ? Clairement non. L’invention d’un nouveau mot ne lèse en rien ces messieurs, puisqu’on ne supprime pas le mot masculin ni ne les empêchons de l’utiliser. Il s’agit juste… d’égalité.

Enfin, on m’objectera qu’il y a bien des combats qui sont plus important et méritent d’être menés au lieu de ça. A mon sens, le combat de la langue doit être mené, et vite. Comment veut-on que des petits garçons de 6 ans ne se sentent pas supérieurs aux filles quand ils apprennent que le masculin l’emporte toujours ? Comment veut-on que des petits filles ne sentent pas invisibilisées parce que le métier qu’elles veulent faire n’a pas de féminin ? La langue est le miroir de la façon de penser d’un peuple. Changer la langue, c’est changer les mentalités. Si l’on change de mentalité, la langue doit s’adapter : aujourd’hui, on ne dit plus nègre, considéré, à raison, comme profondément raciste.

La création de mots féminins a du sens, et il faut nous efforcer d’intégrer ces mots à notre vocabulaire courant.

Et, je le répète, si vraiment ça vous semble impossible, pas de problème, en aucun cas nous n’y êtes obligé-e. Simplement, gardez à l’esprit que pour de nombreuses personnes, ce détail qui vous a énervé-e est important et est l’objet d’une lutte justifiée. Donc, s’il vous plait, pas de mépris. On garde l’esprit ouvert et au lieu de crier au féminisme extrémiste, on écoute les arguments des concerné-e-s.

Glow, la nouvelle série Netflix

FmLhguEF.jpgOn en parle assez peu sur les réseaux sociaux. Mes ami-e-s ne connaissent pas. Pourtant, cela fait quelques jours qu’une série qui vaut le détour a fait son apparition sur Netflix. Comme vous avez lu le titre, vous savez que je parle de Glow.

Glow suit le parcours de Ruth, une actrice maladroite et naïve qui est embauchée (à grand peine) pour faire du catch féminin. Nous découvrons alors toute une galerie de personnages tous, mais surtout toutes, car le casting est majoritairement féminin, plus attachantes les unes que les autres. Bien sûr, on en déteste une ou deux dans le tas. Mais la série réussit l’exploit de diriger nos exaspération plutôt vers… les hommes. Entre le mari bêta, le réalisateur déconnecté (qui réalise d’habitude des films d’horreur porno interdits de diffusion tant ils sont subversifs) , le producteur un crétin et les pères invasifs, on peut sans problème s’identifier aux héroïnes et lever les yeux au ciel plus souvent qu’à notre tour.

Sans être véritablement engagé, on sourit régulièrement aux pieds de nez féministes et anti-racistes qui surgissent parfois, comme autant de clins d’oeil à notre société actuelle depuis les années 80.  La façon dont les stéréotypes sont mis à mal est intelligente. Le spectateur n’est pas mis devant des leçons de morale. Régulièrement, une catcheuse fait une remarque qui fait rire, sourire, parfois à retardement. On adore comme chacune accepte de se prêter au jeu : l’asiatique manie l’épée, l’hispanique se fait renommer Machu Pichu, la suédoise devra laisser sa place et ses médailles olympiques à une américaine pur jus parce que ça passe mieux à l’écran… On ne peut s’empêcher d’être outré-e-s quand le réalisateur attribue à une des femmes noires de l’équipe devra interpréter une femme qui vit comme une reine aux crochets des allocs. D’ailleurs, elle fait partie de celles qui n’accepterons pas si facilement de jouer le cliché. On la comprend…

Le casting est varié. Rarement on a vu à l’écran autant de diversité. Les actrices sont racisées et blanches, grosses, minces, grandes, petites et toutes ne sont pas des canons de beauté. Certaines ont des problèmes psychologiques, toutes ont des soucis dans leur vie quotidienne. Même si la plupart des spectatrices n’approcheront jamais un ring, il est facile de s’identifier.

Pas besoin d’être fan de catch pour apprécier la série. Si ce sport est le sujet central, l’intrigue est définitivement tournée vers ses héroïnes. Chacune d’entre elle a droit à une histoire bien détaillée. A la façon d’Orange is the new Black, on découvrira peu à peu leurs passés à travers des flash-back.

Enfin, la série est très belle. La photographie et les prises de vues sont soignées, réfléchies au millimètre.

Bref, je ne saurai trop vous conseiller de tout lâcher, et d’aller faire un bon gros binge watching des familles devant Glow.

 

 

Dans les rues de Tokyo

J’ai pris beaucoup de photos de Tokyo dans les rues, à la volée, en douce, ouvertement, des choses qui m’ont surpris, fait sourire et plues.

Commençons par quelques boutiques. Le nombre de magasins est hallucinant au Japon. Croyez-moi, Paris centre ou New York n’arrivent pas à la cheville de Tokyo. Ici se côtoient des gratte-ciel dédiés à une marque, des buildings rempli de boutiques modernes au nombre d’employés impressionnant et des minuscules échoppes traditionnelles.

Mention spéciale pour ce restaurant de poisson fugu, qu’il faut savoir préparer comme il faut sous peine d’être empoisonné. La déco est très soignée !

 

Autre chose que j’ai adorée, c’est la présence de petits aquariums aménagés dans la rue. De simples bacs de pierre avec des poissons rouges, mais tout de suite, ça apporte un peu de zen dans la ville.

Les immeubles sont tous reconnaissables à leur façon : forme, logo, hauteur, style… Ils sont tous très différents !

Moderne et ancien se côtoient et se complètent sans que ça paraisse étrange.

La part belle est faite aux annonces publicitaires, surtout à Akibahara, le quartier geek !

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Certains immeubles sont représentés par une statue, et ont une histoire. Ici, voici la grue d’Ueno, mais surtout, à Shibuya, un patron a dédié son immeuble à son chat et a fait érigé une statue à son nom.

Se balader dans les rues de Tokyo est un véritable plaisir. Leur propreté est légendaire, à cela s’ajoute une sacrée dose de dépaysement, et il est interdit d’y fumer ! Il existe des espaces prévus pour, espèces d’aquarium pour fumeurs.

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Quand on parle de dépaysement… Ca fait bizarre d’arriver dans un pays on où est dans l’incapacité de simplement lire. Je veux dire, sans même parler la langue, on peut généralement déchiffrer les noms. Pas là, puisque les japonais n’utilisent pas d’alphabet latin. Du coup, chaque affiche devient un mystère…

Sans parler du plan du métro…

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Revenons à des choses plus triviales. Avez-vous déjà vu une voiture de police japonaise ?

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Plus difficile : un camion de poubelles japonais ?

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Et niveau master : le carrefour de Shibuya désert ?

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Nous y étions à 5 heures du matin (merci le décalage horaire)

Et niveau chance : une équipe de nettoyage du Shinkansen ?

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Près de notre hôtel, nous avons croisé le musée de la cuisine française, avec des cocottes minute en vitrine. A quoi tient la fierté nationale…

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Nous avons aussi croisé la route de nombreux salary-men.

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Profitons d’une balade de nuit…

Tokyo prend soin de ses habitants. Ici, devant un chantier, un compteur de décibels pour être sûr que la limite légale autorisée n’est pas dépassée.

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Et on finit par un détail super-kawaïï : les plaques d’égouts japonaises sont de toute beauté !

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